Sarh... aujourd\'hui et demain !

MESSAGE DE NOEL DE LA CONFERENCE EPISCOPALE DU TCHAD

Jean-Claude BOUCHARD, évêque de Pala,  président de la CET

 DJITANGAR GOETBE Edmond, évêque de Sarh

Miguel SEBASTIAN, évêque de Laï et administrateur apostolique de Doba

Rosario Pio RAMOLO, évêque de Goré

Joachim KOURALEYO TAROUNGA, évêque de Moundou

Henri COUDRAY, vicaire apostolique de Mongo

Alphonse KARAMBA, administrateur diocésain de N’Djamena

 

 

POUR UN DÉVELOPPEMENT INTÉGRAL

 

 

 

 


« L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi. Oui, il m’a consacré pour apporter une bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour annoncer aux déportés : « Vous êtes libres !», et à ceux qui sont en prison : « Vous allez revoir la lumière du jour. » Il m’a envoyé pour annoncer : « C’est l’année où vous verrez la bonté du Seigneur ! » (Is 61, 1-2).

Chers frères et sœurs dans le Christ,
Hommes et femmes de bonne volonté !

 

 

1. Le Christ, dont nous nous préparons à célébrer la naissance à Noël, place au centre de sa mission la libération de l’homme de tout ce qui l’empêche de vivre en plénitude. Le Jubilé de la Miséricorde, ouvert par le Pape François le 8 décembre, invite l’Église à placer elle aussi au centre de sa mission l’homme, blessé par toutes sortes de situations de précarité et de souffrance et à lui témoigner sa compassion et sa solidarité.

2. Le Jubilé est aussi un moment favorable pour ouvrir nos cœurs et nos yeux afin de voir ce dont souffre l’homme tchadien aujourd’hui. En dépit de l’engagement de l’État, de l’Église et des autres acteurs dans la lutte contre la pauvreté,  il y a une nette régression au regard des indices du développement. En effet, les Fondations Internationales (Transparency International, Mo Ibrahim) et les Nations Unies (PNUD) classent le Tchad parmi les derniers pays d’Afrique et du monde pour la bonne gestion, la qualité des services fournis et le développement humain, et parmi les premiers pour la corruption. Les résultats de l’ECOSIT III (Enquête sur la Consommation des Ménages et le Secteur Informel au Tchad) confirment cette régression.

3. C’est ce constat qui nous a amenés à proposer dans notre message de l’année dernière une « renaissance éthique » au Tchad car nous croyons qu’un développement qui n’intègre pas les valeurs humaines et spirituelles est voué à l’échec. Cette année, nous voulons une fois de plus vous inviter à réfléchir avec nous sur les conditions éthiques d’un développement vrai et durable.

I – Signes de  pauvreté dans nos villages

4. Dans les villages et les campagnes, quelques paysans travaillent dur pour sortir de la pauvreté. Nous  encourageons un tel effort et exhortons les jeunes à aimer le travail de la terre.  Mais nous sommes conscients que les signes de la pauvreté demeurent encore  visibles. Le pouvoir d’achat du paysan a reculé. De plus en plus de familles ne parviennent pas à avoir les moyens de subvenir à leurs besoins de base : alimentation,   logement, soins de santé, éducation.  

5. Simultanément, nous constatons la perte du sens de l'épargne et de  la prévoyance : les greniers sont vides, les familles n’arrivent pas à faire des économies et sont souvent victimes des usuriers. Depuis des années,  aucun changement  dans l’habitat ; au contraire, on assiste à une régression. De plus en plus, on trouve des maisons sans clôture ni équipement de base. Mais malgré ce manque de moyens de subsistance, nombreux sont ceux qui dépensent le peu qu’ils ont pour se procurer des produits qui ne correspondent pas aux besoins réels, tels que téléphones sophistiqués,  motos,  télévisions, etc.

6. De surcroît, nous constatons la mise en place d'infrastructures qui, par manque de personnel, ne fonctionnent pas : écoles sans enseignants ni moyens didactiques, centres de santé et hôpitaux sans personnel médical qualifié ni médicaments, tracteurs hors d'état de fonctionner. Pire encore : achetées par les nouveaux riches, les terres arables manquent trop souvent  aux paysans, transformés alors en quasi esclaves de ces nouveaux propriétaires.

7. Quant aux jeunes,  sans cadres de loisir dignes de ce nom, ils sont livrés au désœuvrement. Où sont les bibliothèques, les centres culturels, les lieux de vie associative ? Exceptés quelques villages où tel ou tel jeune fait preuve d’imagination et d’initiative, nos campagnes sont  hélas devenues de véritables  déserts culturels.

II – Signes de pauvreté dans nos villes

8. Dans les villes, bien qu’on note une prise de conscience de la valeur du foncier et un désir d’investir pour avoir un logement digne, les efforts pour améliorer les conditions de vie sont encore insuffisants. Le manque d’eau potable et les fréquents délestages ne favorisent ni la santé ni le bien-être de la population, pas plus que   le développement des petites et moyennes entreprises. Des investissements censés améliorer les moyens de communication, tels que la fibre optique, ont suscité d’immenses espoirs. Mais malheureusement, ils n’ont pas donné les résultats escomptés. Nos villes sont de plus en plus surpeuplées à cause de l’exode rural. Nombreux sont les jeunes qui, espérant y trouver du travail, se retrouvent au chômage. Les parents fortunés portent le poids de toutes ces personnes qui affluent chez eux. La solidarité africaine perd son sens et se transforme en  parasitisme. Dans le même esprit, la délinquance se développe et le niveau des vols et de l’insécurité augmente.

9. Ainsi, en ville comme à la campagne, force est donc de constater que prévalent chez beaucoup de nos compatriotes une baisse de niveau de vie et un manque de vision d’avenir. En fait, ce sous-développement que nous venons de décrire à grands traits a des causes à la fois socio-culturelles, socio-politiques et morales.

II – Les racines de la pauvreté

1. La culture de l’immédiat et la mauvaise gestion 

10. La culture de l’immédiat, qui se manifeste par le désir du gain facile, d'une vie au jour le jour et par l’absence d’un projet de vie à long terme, se développe dans toutes les couches sociales, de la base au sommet. Cette manière de vivre sans souci du lendemain, n'ouvrant à aucune espérance d’un monde meilleur, a été dénoncée par le Christ lorsqu'il a fait référence à la période qui précéda le déluge : « A ce moment-là, avant la grande inondation, les gens mangeaient, buvaient. Ils se mariaient ou donnaient leurs filles en mariage. Puis Noé est entré dans l’arche. Les gens n’ont rien compris, jusqu’au moment où la grande inondation  est venue et les a tous emportés » (Mt 24, 38-39).

11. La mauvaise gestion des biens matériels et de l’argent, par ailleurs,  est aussi l’une des causes de la pauvreté.  Beaucoup de ménages ne savent pas faire un budget familial. Ils ne parviennent pas à distinguer dépenses utiles et dépenses futiles.  

12. Dans le Mémorandum que nous avons écrit  pour le  cinquantenaire de l’indépendance de notre pays, nous avons souligné que « l'enseignement technique et professionnel est très peu développé dans un pays où on a besoin d'ouvriers spécialisés pour assurer, ne serait-ce que la maintenance dont la carence fait du tort à beaucoup de structures. » (p.16) Or, même si certains jeunes croient à cette formation  et s’y engagent, beaucoup d’autres, parfois poussés par les parents, se désintéressent de plus en plus  de l’enseignement technique pour se tourner vers  l’enseignement général, dans l'espérance qu'une intégration dans la fonction publique garantirait leur avenir.

13. La contribution des femmes dans les activités du développement et leur engagement dans la société et dans l’Eglise sont positivement appréciés. Mais leur capacité n’est pas assez reconnue et leur dignité pas assez respectée pour qu’elles soient de véritables protagonistes du développement.

14. Bien qu’on ne cesse de répéter que l’agriculture et l’élevage sont les deux mamelles de l’économie du pays, nous notons l'absence d’une véritable politique de développement rural et un manque de cadre juridique pour aider à une cohabitation  pacifique entre  éleveurs et agriculteurs. L’agriculture est de plus en plus désorganisée par le manque d’encadrement des paysans. La dégradation de la flore et de la faune exige une nouvelle organisation de l’élevage.

2.  La mauvaise gouvernance

15. L’absence de bonne gouvernance, qui se traduit par les détournements et le gaspillage des ressources, constitue l’une des grandes causes de la pauvreté. Le beau principe appelant à  « placer l’homme qu’il faut à la place qu’il faut » est foulé aux pieds par la nomination à des postes clés dans les instances de décision de personnes sans qualification et incompétentes. Beaucoup de projets de développement obéissent au clientélisme et conduisent à des investissements inutiles. Que de marchés, d'hôpitaux, d'établissements scolaires ont été mis en place sans besoin réel !

16. De nombreuses ONG œuvrant dans le champ du développement  font de l’assistanat plutôt que d’aider l’homme dans son auto-promotion. Le plus souvent, ces ONG n’impliquent pas les populations dans leurs projets. Par conséquent les gens ne se les approprient pas et ne sont pas motivés pour l’amélioration de leurs conditions de vie. Certaines d’entre elles sont d'ailleurs souvent préoccupées par leur survie et tirent sans honte profit de la situation misérable des gens.

3. La corruption et le manque de conscience professionnelle

17. La corruption qui gangrène tous les secteurs de la vie socio-politique et économique est en fait non seulement le signe mais la véritable cause de la pauvreté. Les détournements de fonds, les pourcentages abusifs prélevés sur les projets, les surfacturations et d’autres pratiques qui consistent à tirer profit de tout service rendu ruinent à la base l’économie du pays. La corruption est un véritable fléau social profondément ancré dans la mentalité et fait croire qu’il n’existe aucun service gratuit. Tout doit être payé. La pratique du per diem fait perdre le sens de la gratuité. Il faut être payé pour recevoir une formation. En plus de leur salaire, des fonctionnaires et d’autres salariés touchent ainsi des primes fournies par les responsables de projet pour se réunir, pour participer à des ateliers de formation ou pour réaliser des activités qui sont pourtant prévues dans leurs tâches officielles.

18. Le manque d’amour du travail bien fait dénote une carence de conscience professionnelle chez beaucoup de travailleurs. Tout comme l’absence du sens du bien commun conduit à confondre les biens de l’État avec les biens personnels. L’impunité encourage à commettre des crimes économiques sans souci de devoir  un jour rendre compte de ses actes devant la justice. Au contraire, l’expérience montre souvent que les personnes auteurs des détournements sont promues à des postes de responsabilités encore plus élevés.

III – Que faire ?

1. Pour un développement de tout l’homme

19. Le développement est une notion  qui demande une clarification. Un certain concept du développement le réduit à sa dimension économique,  alors qu’un vrai développement doit inclure aussi les dimensions sociales, culturelles et spirituelles de l’être humain. Comme le dit la Doctrine Sociale de l’Église : « On comprend mieux aujourd’hui que la pure accumulation des biens et des services, même en faveur du plus grand nombre, ne suffit pas pour réaliser le bonheur humain » (n° 165). L’homme doit être à l’origine et au terme du développement.  Un  vrai développement est donc celui qui met au centre l’homme à promouvoir dans toutes ses dimensions, qui intègre les valeurs humaines et spirituelles permettant à chaque homme et à tous les hommes « de passer de conditions moins humaines à des conditions plus humaines » (Populorum Progressio,  n° 20).

20. Dieu n’a-t-il pas confié à l’homme la gestion de la création pour son bien ? C’est pour cette raison que le développement doit aussi tenir compte de l’écosystème.  Nous ne pouvons donc  pas exploiter la nature de manière égoïste et irrationnelle. C’est dans ce sens que le Pape François nous dit  que l’expression « cultiver et garder » le jardin (cf. Gn 2, 15) ne signifie pas l’exploitation sauvage de la nature ni sa destruction. Mais « "cultiver" signifie labourer, défricher ou travailler, "garder signifie protéger, sauvegarder, préserver, soigner, surveiller. Cela implique une relation de réciprocité responsable entre l’être humain et la nature » (Laudato Si, n° 67). 

21. Dans notre contexte, le développement doit être perçu comme une lutte contre la pauvreté sous toutes ses formes. Le pauvre n’est pas seulement celui qui manque du nécessaire pour vivre mais aussi l’analphabète ou l’ignorant qui se fait exploiter ; celui à qui on ne reconnaît aucun droit et qu’on opprime et domine. C’est pourquoi notre lutte contre la pauvreté doit être  à la fois une lutte qui permet à l’homme d’acquérir les biens nécessaires pour mener une vie digne, pour le sortir de son ignorance et pour qu’il soit reconnu  dans  ses droits fondamentaux.  

2. Pour un développement solidaire

22. En vertu du principe de la destination universelle des biens, le vrai développement ne peut être que solidaire. « La confiscation des biens de la terre par une minorité au détriment de peuples entiers,  est inacceptable parce qu’immorale. La justice oblige à donner à chacun son bien propre » (Africae Munus, n° 24).

23. Un gouvernement soucieux du bien-être de sa population doit travailler pour que les richesses du pays servent à l’épanouissement de tous les citoyens sans distinction d’ethnie ou de religion. Il doit  promouvoir une politique de gestion des ressources qui tienne compte des générations futures.   Comme le dit le Pape François : « Chaque communauté peut prélever de la bonté de la terre ce qui lui est nécessaire pour survivre, mais elle a aussi le devoir de la sauvegarder et de garantir la continuité de sa fertilité pour les générations futures »  (Laudato Si, n° 67).

24. Le développement authentique est celui qui correspond aux besoins réels de la population  et qui vise  son auto-promotion. Nous souhaitons de tous nos vœux que les projets de développement initiés par l’Etat ou les ONG tiennent compte des populations bénéficiaires : que celles-ci se les approprient et en soient de véritables acteurs. En effet, l’expérience nous montre que de nombreuses réalisations sont tombées en ruine parce que la population ne s’est pas sentie concernée.

3. Pour un changement de mentalité et de comportement

25. Pour amorcer le développement, un changement radical de mentalité et de comportement s’impose. Il nous faut acquérir une culture de développement et une culture de production. Nous devons prendre conscience que personne ne peut se mettre à notre place pour nous sortir de la pauvreté. Nous sommes protagonistes de notre propre épanouissement. L’aide extérieure ne peut  jamais remplacer l’engagement personnel de sortir d’une situation de misère. Elle doit plutôt soutenir  des projets d’investissement  capables de produire des ressources en vue de notre prise en charge. (cf. Ecclesia in Africa,  n° 104). Nous devons tous nous convertir de cette mentalité d’assistanat qui consiste à attendre tout de l’extérieur pour nous sortir de la situation de misère.

26. Un développement solidaire et durable est celui qui  repose sur les valeurs fondamentales telles que le respect  du bien commun et de la dignité de la personne humaine, la justice, la paix et la solidarité. L’Etat doit promouvoir ces valeurs et chaque citoyen est appelé à les vivre. 

4. Contribution des religions au développement

27. C'est une erreur de croire que la religion n’a rien à voir avec le développement. La Bible, tout comme le Coran, invitent le croyant à mettre sa foi au service du développement.  Ainsi, au nom de Dieu, le prophète Isaïe appelle l’homme à unir vie de prière et engagement pour la justice et le droit : « Quand vous étendez les mains pour prier, je détourne mon regard. Même si vous faîtes beaucoup de prières, je n’écoute pas. Vos mains sont couvertes de sang. (…) Apprenez à faire le bien. Cherchez à respecter le droit. Ramenez dans le bon chemin celui qui écrase les autres par l’injustice. Défendez les droits des orphelins, prenez en mains la cause des veuves » (Is 1, 15.17). Tout comme nous dit le Christ, les actes comptent plus que les paroles.   « Pour entrer dans le Royaume des cieux, il ne suffit pas de me dire "Seigneur, Seigneur !" Il faut aussi faire la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Mt 7, 21). Notre foi doit être traduite dans les œuvres. Sinon elle demeure une foi morte. (cf. Jc 2, 17-18). En écho à ces paroles du Seigneur, le saint évêque Oscar Romero nous interpelle : « Une religion de messes dominicales mais de semaines d’injustices ne plaît pas au Seigneur ». (Homélie du 04-12-1967).

Ce sont là des paroles qui nous invitent comme croyants à une conversion sincère du cœur  afin que notre témoignage illumine tous les secteurs de la vie sociale.

28. De plus, en cette Année de la Miséricorde, nous sommes appelés en tant que chrétiens  à manifester l’amour de Dieu aux petits et aux pauvres, souvent marginalisés par le système économique,  les dominations politiques et les influences culturelles d’aujourd’hui. Comme disciples du Christ et de manière très concrète, nous sommes appelés à vivre la charité à travers les œuvres de miséricorde, tant corporelles que spirituelles : Donner à manger aux affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, assister les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts, conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts. » (cf. Misericordiae Vultus, n° 15).

30. Enfants d’un même Dieu et Père, nous sommes tous frères. Par conséquent, chacun de nous doit être le gardien de son frère car c’est sur l’amour du prochain que Dieu nous jugera : « Où est ton frère ? » (Gn 4, 9). L’amour de Dieu pour chacun nous fait le devoir d’aimer notre prochain : « Si quelqu’un dit : "j’aime Dieu" et s’il déteste son frère ou sa sœur, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas un frère ou une sœur qu’il voit, il ne peut aimer  Dieu qu’il ne voit pas » (1 Jn 4, 20). Pour nous chrétiens, toute action de développement doit être motivée par un amour sincère pour le prochain.

 Conclusion

31. Le développement exige que nous assumions avec courage nos responsabilités. Chacun doit être convaincu que Dieu a mis en lui des dons particuliers  pour le service du bien commun. Comme le dit  Dom Helder Camara : « Personne n’est si pauvre qu’il n’ait rien à offrir, personne n’est si riche qu’il n’ait pas besoin d’aide ».

32. Au nom du Seigneur Jésus-Christ qui s’est fait l’un de nous pour nous sauver, nous souhaitons à chacun de vous :

 Joyeux Noël et Heureuse Année 2016 !



26/01/2016
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