Sarh... aujourd\'hui et demain !

Homélie de NOEL 2010 à la Cathédrale de Sarh

Chers enfants, chers frères  et sœurs, bien aimés de Dieu

Dieu, a souvent parlé dans le passé à nos pères, par les prophètes, de plusieurs façons différentes…mais de manière incomplète. Mais aujourd’hui il nous parle directement par son Fils qui  a toute autorité pour parler en son Nom car il est sa Parole qui s’est fait homme…Autrement dit, la Parole de Dieu que nous entendons, c’est Dieu en personne qui nous parle aujourd’hui…Voilà le témoignage de l’auteur de l’Epître aux Hébreux…et  St Jean  l’affirme haut et fort… « La Parole s’est fait homme et il habite au milieu de nous ».

Si Dieu vient en personne vient nous parler ce n’est pas seulement pour être entendu, mais pour être écouté. Sa Parole n’est pas destinée à nos oreilles, c’est une graine semée dans nos cœurs. Elle doit être accueillie avec foi et reconnaissance, et elle ne s’épanouit que si elle est transmise de proche en proche, à partir de notre entourage et à toute l’humanité…comme les bergers puis les premiers disciples de Jésus-Christ.

 Toutes les nations sont appelées à voir le salut de Dieu. C’est pourquoi depuis deux mille ans, le message de paix et de réconciliation de Dieu avec l’humanité, la première et l’unique Bonne nouvelle continue sa course  dans le monde… « Comme il est beau de voir courir… le  messager qui porte la bonne nouvelle de la paix » s’exclame Isaïe car cette nouvelle est attendue…Elle est une annonce de délivrance, une annonce de libération.

Ce qu’Israël a vécu dans son histoire comme peuple dominé, opprimé et privé de sa liberté, d’autres peuples l’ont vécu aussi  en des périodes et sous des formes différentes. Notre pays a vécu aussi des périodes de privation de souveraineté et de domination. Cette année, à l’instar des autres peuples d’Afrique, il fête le 50ème anniversaire de son accession à l’indépendance.

Poussés par leur mission de porteurs de la Bonne nouvelle, les évêques du Tchad invitent dans leur traditionnel message de Noël les fidèles catholiques et tous les hommes et femmes de bonne volonté à prendre conscience des aspirations profondes du peuple tchadien à vivre dans le bien-être social et des dangers qui  risquent de le maintenir dans la servitude.

La dernière décade de ces 50 ans se caractérise par des avancées substantielles en termes de  prise de conscience de la citoyenneté,  la liberté d’expression et des efforts pour une plus grande démocratie et pour un mieux-être social.

Mais il y’a encore bien des choses à changer dans notre mentalité et  dans nos comportements si nous voulons construire un pays comme Dieu le veut et où il fait bon vivre.

Nous avons ainsi de grands défis à relever :

-          affermir notre volonté de vivre ensemble dans le respect des diversités ethniques, religieuses, régionales et culturelles

-           bâtir un État de droit fondé sur les libertés publiques et les droits fondamentaux de l’Homme, la dignité de la personne humaine et le pluralisme politique, sur les valeurs africaines de solidarité et de fraternité. »

-          Respecter le droit et  en particulier le droit foncier pour éviter les conflits intercommunautaires nés des occupations anarchiques d’espaces publiques ou privés.

Notre pays n’est pas pauvre mais il peut s’appauvrir s’il n’organise son développement de manière plus rationnelle et en faveur de la population. Les ressources minières (pétrole, or, uranium, etc.) ne peuvent être avantageux pour tous que si elles sont mieux gérées et orientées vers un développement économique et social accessible à tous.

La négligence des critères objectifs de compétence dans l’octroi des responsabilités dans l’administration, le manque de conscience professionnelle et de rigueur morale ainsi qu’une discrimination tacite à l’égard des femmes  ne permet pas de donner une égalité de chance à tous.

L’éducation et la santé sont deux domaines qui méritent une attention spéciale. Notre pays a fait un effort considérable ces dernières années pour doter les populations de centres de santé et d’établissements scolaires plus dignes, du moins en ce qui concerne les bâtiments

Mais  la multiplication anarchique d’écoles dans le but de profits personnels, le trop grand nombre de maîtres communautaires « bénévoles » non formés, le déséquilibre entre les cliniques à but lucratif et les établissements de soins publics…nuisent à la bonne répartition de ces structures et du personnel qui déserte les zones rurales. Les chrétiens ont une mission particulière de servir leurs frères et sœurs et de construire le pays comme Dieu le veut, même s’il y a toutes les raisons de se décourager. Beaucoup se laissent aller dans la boisson et mènent une vie désordonnée au lieu de s’occuper correctement de leur travail et de leur famille. Nous devons  aider nos enfants à trouver leur identité humaine et chrétienne pour mieux se préparer à affronter le monde à venir.

La parole de Dieu s’est fait homme et il a habité parmi nous…Il a nom, JESUS-CHRIST. Il veut habiter notre cœur et éclairer notre vie de tous les jours, qu’elle soit familiale, sociale ou professionnelle. C’est la condition pour nous d’être comme le Christ vraie lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde. Alors nous éclairerons nos frères et sœurs qui n’ont pas la chance de connaître la parole de Dieu.

Certains pensent que la vie sociale, professionnelle, politique n’a rien à voir avec la foi chrétienne. Ils se trompent. Les évêques du Synode encouragent les chrétiens catholiques à s’investir en politique. Nous réitérons cette invitation. Il est vrai que beaucoup de chrétiens ont une mauvaise idée de la politique : elle serait le lieu du mensonge, de la médiocrité et du manque de scrupule. Tout dépend de la façon dont la politique se pratique. Si elle est une lutte pour garantir le bien commun et la bonne gouvernance, c’est un engagement chrétien de grande importance : l’exemple de Julius Nyerere doit stimuler les chrétiens. Ils sont des citoyens à part entière, l’engagement politique les concerne aussi et ils ne doivent pas rester des spectateurs  de la vie politique.

Par les Commissions Justice et Paix, l’Église catholique du Tchad est déjà très engagée dans la lutte pour la réconciliation nationale. Les Tchadiens aspirent à plus de justice et de paix et souhaitent vivement à tous les niveaux une réelle volonté politique d’arriver à une vraie réconciliation. Les relations œcuméniques avec les autres dénominations chrétiennes et  le dialogue interreligieux, en particulier le dialogue islamo chrétien, sont incontournables pour réaliser la construction de la paix et la réconciliation nationale.

C’est ce chemin que Jésus-Christ nous invite à parcourir de manière toute spéciale en cette année jubilaire que nous avons solennellement ouverte le 22 décembre 2010 en ce même lieu.

« Eglise-Famille de Dieu qui est à Sarh, lève-toi et marche ».

 C’est à chacun de nous, à chacune de nos familles, de nos communautés, de nos associations ou mouvements …que le Christ s’adresse. Il nous demande seulement d’avoir  foi en lui comme le paralytique…alors il nous guérira de toutes nos paralysies morales ou spirituelles pour nous mettre debout, pour marcher fidèlement derrière Lui sur les chemins d’annonce de la Bonne nouvelle de sa présence au milieu de nous, sur les chemins de la réconciliation, de la justice et de la paix. Portons dès ce matin à notre entourage la Bonne nouvelle : « Aujourd’hui vous est né le sauveur ».Amen.



25/12/2010
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